Jeune artiste prometteur et déjà reconnu, le comédien, auteur et metteur en scène Geoffrey Rouge-Carrassat était en résidence à l’Université de Strasbourg, du 6 au 10 septembre. Avec sa troupe de six comédiens, ils ont amorcé un travail de recherche-création, articulé autour de l’improvisation, et sont allés à la rencontre d’étudiants de l’université. Une initiative du Service universitaire de l’action culturelle (Suac), en lien avec la Faculté des arts1.
« Je me reconnais dans les étudiants, on a peu de différence d’âge. Je me considère moi-même presque encore comme un artiste débutant. » A 26 ans, le jeune prodige des arts vivants a le succès bien modeste : déjà quatre créations à son actif, dont deux présentées cet été au off du festival d’Avignon. « Maintenant, elles vivent d’elles même. J’ai eu envie de me lancer dans autre chose. »
Un renouvellement qu’il est venu initier à Strasbourg. Lui-même encore étudiant au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (CNSAD) de Paris, il inscrit cette démarche dans sa propre recherche sur le théâtre. A l’orée d’un tout nouveau processus créatif, il a souhaité s’entourer de six comédiens-interprètes2, complices de sa dernière création, Terrain vague. Là aussi, un renouvellement : après un format seul-en-scène qui s’est imposé à lui pour ses trois premiers spectacles - Conseil de classe, Roi du silence et Dépôt de bilan – sa créativité s’épanouit désormais à travers le collectif. Autre différence majeure : « Mes premières créations, qui ont pris la forme d’un triptyque, étaient traversées de thématiques de société évidentes (coming-out d’un jeune homosexuel, ravages de la productivité en entreprise…) ». Son nouveau travail part cette fois d’une autre envie, tout aussi évidente : « Je prends pour point de départ l’épopée mésopotamienne de Gilgamesh, un texte de la Haute-Antiquité qui me touche et m’accompagne depuis des années. Mais qui m’échappe, aussi. Parfois, le renouvellement est politique en soi, la thématique n’a pas forcément à l’être. »
Écriture scénique novatrice
La maturation de son travail, de sa pensée, des étudiants de la Faculté des arts ont pu en être témoins (notamment ceux d'Anne-Caroline Rendu-Loisel), venus à sa rencontre lors de sa semaine de résidence. « A leurs âges, il n’y a pas si longtemps, j’avais sûrement des questionnements, des révoltes similaires, se remémore l’artiste de 26 ans. Ils ne sont plus les mêmes aujourd’hui. »