Salons dorés de la République, intérieurs intimistes, promenades étonnantes… Dans ses livres, ses conférences, ses visites guidées, ses cours ou sur son blog, Catherine Jordy nous invite à lever le voile sur certains des secrets les mieux gardés du patrimoine de Strasbourg et d’ailleurs. Suivons dans ses déambulations culturelles cette fine connaisseuse de l’histoire des arts, à l’occasion toute choisie des Journées européennes du patrimoine, ce week-end. Ou la célébration de vieilles pierres bien vivantes !
Lorsqu’on la lance sur son sujet, Catherine Jordy est intarissable. « Pour mon dernier livre, Le guide du promeneur de Strasbourg, je devais me limiter à 13 balades de 15 000 signes chacune, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’exploser le quota… », explique-t-elle, l’œil pétillant.
Son sujet ? Il faudrait plutôt parler au pluriel, tant les centres d’intérêts et les sources d’émerveillement de Catherine Jordy sont foisonnants.
Quand elle n’est pas en train de donner des cours d’histoire de l’art aux étudiants en arts plastiques (Faculté des arts) et à l’Université américaine de Syracuse (« en français et en anglais, une véritable gymnastique de l’esprit »), la docteure en histoire de l'art propose des conférences et des visites guidées à la carte, dans Strasbourg, ou encore organise des voyages culturels en Italie, son « premier amour d’historienne de l’art ».
Si elle ne devait en retenir qu’une, dans son Guide du promeneur de Strasbourg, sa visite préférée est évidemment celle du campus impérial, qui relie le Jardin botanique au Palais universitaire. « C’est un peu sentimental, puisque c’est là que j’ai suivi mes études, et que j’enseigne aujourd’hui ! » Regorgeant d’anecdotes et de détails insolites, le petit ouvrage invite le randonneur citadin à un dépaysement au coin de la rue… voire « même depuis le fond de son lit » !
Milieu modeste
Rien ne prédestinait pourtant Catherine Jordy, issue d’un milieu modeste, fille d’agriculteur, à devenir incollable sur le patrimoine de la Neustadt. Ou à pousser la porte, pour les besoins de son ouvrage Strasbourg intime, de certaines des plus prestigieuses demeures de la capitale alsacienne, du palais du Kaiser à l’hôtel du préfet, en passant par une kyrielle de somptueux hôtels particuliers de l’Orangerie ou de la Robertsau. « Je ne fréquente pas le gratin », prévient-t-elle dans un sourire. « Pour ce livre, j’ai vraiment dû remuer ciel et terre pour pouvoir entrer, avec le photographe Christophe Hamm, dans certains de ces lieux d’exception. » Qui rassemblent, dans une étonnante palette colorée, les influences art déco et art nouveau, alsacienne et rhénane... « Et l’opéra, ça coûte moins cher d’y aller en tant que critique ! »